Tout le monde a parlé de la
grande manifestation des opposants "au mariage pour tous",
qui aurait rassemblé 20 000 personnes dit-on. J'y ai passé
l'après-midi pour observer ces gens qui défendent leur vision du
mariage. Mais le plus intéressant restait la manif dans la manif',
les stars de tous les rassemblements droitiers à Lyon : le Bloc
Identitaire.
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Deux manifestations en une ! |
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Une tête du cortège chantant sur du Queen |
Deux visages.
Cette manifestation contre le "mariage pour tous" a été
un succès, on ne peut le nier. Ce n'est pas souvent que 20 000
Lyonnais (dont quelques Savoyards perdus plutôt en fin de cortège)
se rassemblent dans les rues, sauf victoire de l'OL ou pour une
réforme des retraites qui se termine en émeute. Il n'est pour
autant pas question de violences dans cette manifestation "bon
enfant" et familiale où les jeunes sont en têtes et défilent
sur du Queen ou encore du Katy Perry ! (photo ci-contre)
Partant d'une place
Bellecour remplie à moitié, le défilé s'est rendu jusqu'à la
place des Terreaux via la rue Edouard Herriot. Il y a déjà foule
devant le musée des Beaux Arts alors que la majorité des "antis"
est loin d'avoir rallié l'Hôtel de Ville. Contrairement au
rassemblement des "pros" mariage gay, les organisateurs ont
prévu de bons micros avec de bonnes sonos, le tout monté sur des
véhicules d'où est scandé le désormais célèbre : "Une
père, une mère c'est complémentaire. Deux pères, deux mères,
enfant sans repères".
Enfin, vers la queue du
peloton, arrive la frange dure du mouvement : les membres du Bloc
Identitaire, emmenés par Alexandre Gabriac, leur chef sacré. Le
conseiller régional, expulsé du FN en 2011 à cause d'une photo le montrant
en train d'exécuter un magnifique salut nazi dans une cave, était
bien évidemment au rendez-vous. Entouré de sa bande – et d'une
quinzaines de policiers suréquipés – le jeune homme (il n'a que
22 ans) arborant une drôle d'écharpe blanche et bleue (ouais j'ai
pas eu les corones d'aller lui demander pourquoi, j'tiens à
ma vie ^^) mène le bal.
"Pas de défilé
pour les enfilés". Un joli slogan que l'on pouvait entendre
des rangs nationalistes (un qualificatif auto-proclamé par le
groupe). Car cette partie de la manif était véritablement l'autre
visage du rassemblement. Après le pères et mères de familles, est donc arrivé ces jeunes répondant par la
violence et les menaces aux provocations (pas très futées non plus)
des "pro" mariages présents sporadiquement tout au long parcours. Une fois place des Terreaux, les doigts en l'air se mettent à voler. La police charge pour calmer les
esprits des identitaires. Ça
détale de tous les côtés vers la rue Sainte Marie des Terreaux. L'hésitation règne pendant quelques minutes … où sont-ils passés
? Cinq minutes plus tard, ils réapparaissent miraculeusement avant
de prendre la rue Constantine.
Chaleurs d'automne.
Une sono hurlant "L'Internationale", un drapeau arc-en-ciel
: deux provocations de trop pour le groupe d'extrême droite. Diffusé
depuis le 4e étage d'un immeuble de la rue, le chant communiste ne
laisse pas les manifestants indifférent. Ces derniers décident
alors d'exprimer leur frustration sur un drapeau arc-en-ciel mis en
évidence par un bar de la rue. Les jeunes, au visage partiellement
masqué, repartent avec la bannière gay sans faire plus de dégâts,
suivant probablement à la lettre les instructions donnés par les
cadres : on ne gâche pas la manif alors pas de vague, pas de
bastons.
Plus calme le long du quai
Saint-Antoine, les nationalistes se sont déchaînés une fois
arrivés place Bellecour. Grâce à une échelle, les membres du Bloc
Identitaire se sont hissés sur le toit de l'office de tourisme de la
ville. Gros pétard et fumigènes rouges sont au rendez-vous.
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Lumières rouges à l'office du tourisme |
Observés par une troupe de
CRS et de badauds, les jeunes au crâne souvent rasé (ou du moins
très court, ce qui ne doit pas être très commode à l'approche de
l'hiver...), scandent les slogans du jour, et en profitent pour réviser leurs classiques "la
France aux Français etc …". Les squatteurs du toit ont
finalement été arrêtés, et placés en garde à vue par la police
à la descente de l'échelle.
Bilan.
C'était vraiment impressionnant, qui pouvait prévoir autant
de monde ? On m'a parlé des grandes manifestations de 1984, sur la
réforme de l'école publique qui avait conduit le président
Mitterrand à mettre son projet de loi au placard. En regardant toute
cette foule, "le mariage pour tous" semble être de moins
en moins évident à imposer aux Français. Déjà repoussé en janvier, cette réforme
sociétale ne sera probablement pas aussi simple à faire passer. Qui
vivra verra.
En attendant, malgré la foule défilant rue Edouard Herriot, c'est bel et bien le troisième camp, celui des "neutres" battant le pavé de la commerçante rue de la République qui reste les plus nombreux.
PS : comme j'ai pu le signifier lors de ma note précédente : je suis "ni pour, ni contre, bien au contraire !"