vendredi 7 juin 2013

Playsound : Daft Punk, Fauve, Eddie Cochran, Jeff Hanneman

Nouveau mois, nouveau Playsound !
Ce mois-ci, l'équipe de PS vous propose une glorieuse chronique du dernier Daft Punk, un magnifique Live Report de Billy Talent ou encore une saillante analyse des biopics présentés cette année à Cannes. Pour ma part, j'ai modestement contribué à la tâche en revenant sur les carrières du jeune prodige Eddie Cochran (1938-1960), et du guitariste de Slayer, Jeff Hanneman, récemment décédé. Oui c'est un peu morbide tout ça ...

http://www.playsound.fr/magazine/


Ils ont fait l'histoire du rock : Eddie Cochran 

Il n'avait que 21 ans mais il était pétri de talent. Il n'a fait qu'un album mais il a participé à la création du rock'n'roll. Il est peu connu de nos jours, mais il est encore une référence des pontes du rock actuel. Qui ? Eddie Cochran. Retour sur la vie d'un prodige mort trop jeune.
la classe
 Eddie Cochran avait tout pour lui à 17 ans : le tal­ent, la voix, la technique et le charisme. En 1955, il enregistre plusieurs titres comme membre des « Cochran Brothers ». Il collabore alors avec Hank Cochran, un homonyme au look semblable au sien. Il était alors plus jeune qu'un certain Elvis Presley (1935-1977) dont le premier album sortira « seulement » en 1956. Mais si le « King » est de­venu un des créateurs officiel du rock'n'roll avec Little Richards et Chuck Berry, Eddie Cochran en est seulement un membre officieux. Tout comme Billy Preston était le cinquième Beatles, Cochran est la part d'ombre de la création du rock'n'roll et du rockabilly. Il aurait dû se payer une place au soleil mais l'aventure pris fin tragiquement en 1960, à 21 ans (1938-1960).
Désormais, l'éternel jeune homme n'est plus vraiment connu du grand public à cause de sa courte – mais dense – carrière. En seulement 5 ans, il a créé les bases d'un rock ayant influ­encé les grandes stars des années 1960 : The Beatles, The Rolling Stones ou encore Johnny Cash aux États-Unis. 
 
Twenty Flight Rock

Tout commence en Californie où le jeune Eddie et ses parents emménagement en 1953. Passionné de musique, il prend des cours de piano et parfait son apprentissage de la guitare en écoutant des morceaux de country à la ra­dio. Style musical dont il va largement s'inspirer pour ses compositions. Dès 15 ans, Cochran se produit sur une scène locale. Puis à 17 ans, il forme son pseudo duo familial avec Hank, avant d'entamer une carrière solo. 
 Cochran décroche tout d'abord un petit rôle dans The Girl Can't Help It (La Blonde et moi en vf) grâce à Boris Petroff, le producteur du film. Il y interprète avec grand succès le percutant Twenty Flight Rock (1956). Son style et son talent font mouche auprès des producteurs qui décident alors de sortir le titre en single via le label Liberty. Eddie voit ainsi sa popularité s'étendre au-delà de son pays d'origine pour traverser l'Atlantique. 

Paul & John

Si un tel morceau fait vite autorité, c'est grâce à la qualité de l'interprétation de l'ado de 17 ans qui séduit avec sa voix – déjà – grave, et douce à la fois. L'Américain impressionne aussi par la qualité de son jeu. C'est d'ailleurs une innovation technique particulière qui va lui permettre de s'extraire du lot et influencer toute une généra­tion de rockers.
Contrairement aux autres guitaristes, Eddie Cochran choisit de détendre sa troisième corde. « C'est l'un des moments charnières de l'histoire de la guitare » selon le producteur et musicien Binky Philips. En effet, grâce à cette astuce, Ed­die produit un son avec plus de teintes qui inspire les jeunes guitaristes comme Paul McCartney. Âgé de 15 ans, celui qui n'était pas encore Sir, apprit par coeur Twenty pour impressionner le leader des Quarrymen, un petit groupe local. Paul venait alors de faire la connaissance de John Lennon.
Sans le savoir, l'Américain, à peine plus vieux que les deux jeunes anglais, a donc contribué à la formation du plus grand groupe du monde. Et le temps d'un unique album et de quelques singles, Cochran a eu l'occasion d'inspirer bon nombre de musiciens dans les décennies suivantes.
 
 



Summertime

En 5 ans de carrière, Cochran a enregis­tré plusieurs chansons mais n'a sorti qu'un seul LP de son vivant : Singin' To My Baby. L'album de ses 18 ans parvient alors à se hisser à la 18e place des charts en 1957. Il enchaine par la suite de multiples sorties de singles dont Summertime Blues et C'mon Everybody en 1958. Classés respectivement 8e et 35e des ventes, ces deux titres sont une vraie réussite. Pourquoi ? Pour deux rai­sons très simples : la qualité de la musique et des paroles. Qui peut, si ce n'est un jeune homme à peine sorti de l'adolescence, écrire des paroles pouvant toucher une jeunesse en manque de liberté ? Cochran gagne sur les deux fronts en faisant à la fois danser, et rêver, ceux qui achètent ses disques avant de les jouer eux-mêmes sur scène.
un live à écouter !
Ainsi, Summertime figure dans le presque parfait Live at Leeds des Who en 1970, et plus récemment sur le single 10 A.M. Automatic des Black Keys. Notre Johnny national en fit même une version française, La fille de l'été dernier, en 1975. C'est dire ! L'autre tube de 58, C'mon Everybody, est notamment joué par Led Zeppelin en concert (live au Royal Albert Hall, 1970), Sid Vicious et bien d'autres. Symboles de reconnaissances, ces reprises montrent bel et bien l'in­fluence concrète de Cochran sur ses successeurs, comme Slim Jim Phantom.
Le batteur de Stray Cats (un groupe rétro) voit d'ailleurs une influence directe de Cochran sur des groupes modernes comme Motörhead. « Quand ils (les auditeurs) écoutent Ace of Spades, ils écoutent du Eddie Cochran », assène-t-il sûr de lui.
Cette tendance des groupes anglais à jouer ces deux tubes prouve le succès de Cochran auprès des jeunes de la Perfide Albion. Un succès qu'il a confirmé en se produisant assez vite de ce coté-ci de l'Atlantique dès 1960, l'année de son décès. 
 
 La loi des séries

Eddie et Gene Vincent
Cochran arrive en Angleterre alors que Lennon et McCartney songent déjà à se rendre à Hambourg (août 1960) en tant que Beatles. Mais depuis la mort de ses amis Buddy Holly et Ritchie Valens dans un accident d'avion début 1959, Eddie est préoccupé par une prémonition morbide. Il est persuadé d'être le prochain sur la liste. Hélas, le destin lui donnera raison le 16 avril 1960.
Sur la route entre Bristol et l'aéroport de Londres, le taxi transportant Eddie, sa fiancée Sharon Sheeley et son grand ami Gene Vincent, s'écrase contre un réverbère d'une route du Wiltshire (sud-ouest anglais). Selon les enquêteurs, l'excès de vitesse du taxi aurait causé l'éclatement d'un pneu et provoqué la perte totale de contrôle du véhicule. Au moment de l'accident, Cochran, placé au centre de la banquette arrière, aurait protégé, tel un bouclier, sa fiancée avant d'être éjecté de la voiture. Il fut conduit à l'hôpital de Bath où son décès fut prononcé quelques heures plus tard, le 17 avril. L'accident avait provoqué d'importants, et incurables, traumas crâniens.
Plus qu'une source d'inspiration pour les autres, et malgré un sort tragique et injuste, Eddie Cochran restera la premier adolescent à arriver au rang de star. Le premier d'une longue série produite par le système américain, mais certainement le plus talentueux. Que le passé a du bon.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire