vendredi 5 juillet 2013

"World War Z" ou "Le blockbuster de l'anti-héros"

À l'heure des grands défilés de mode parisiens, la fameuse "fashion week", je préfère succomber à un autre effet de mode, tout autant visuel : les zombies. Après "28 jours plus tard" (2002), "The Crazies" (2010) et l'épique BD "The Walking Dead" (depuis 2003), les morts-vivants font un retour musclé et dopé à grands coups de dollars avec "World War Z". Premier blockbuster pour Brad Pitt qui endosse le rôle du héros, sans prétendre en être un pour autant. 

Même à Paris. Quelle bande de malpolis ces zombies

Lors d'une banale journée, Gerry Lane (Brad Pitt) et sa petite famille se retrouvent au milieu d'une foule de zombies fous furieux, courant et mordant à tout va. Et le phénomène ne se limite pas à Philadelphie où se trouve Lane et les siens : l'invasion est mondiale. Rapatriés sur un navire de guerre battant pavillon américain et onusien, les Lane sont enfin à l'abri. Mais cette sécurité a un prix pour Gerry : quitter sa famille et retourner sur le terrain. Avec l'aide d'une équipe de militaires et de scientifiques, il est chargé de trouver le point d'origine de la maladie pour fabriquer un antidote au plus vite. Quitte à parcourir les quatre coins du globe. 

Anti-héros

Brad Pitt a parait-il été héroïque sur le tournage (lire ici les détails du sauvetage d'une figurante), mais Gerry Lane, son personnage, ne l'est pas vraiment, bien au contraire. Car à l'inverse des sauveteurs "normaux" de la planète, il n'est pas flic, ni militaire, ni héros solitaire filant des grands coups de tatanes à tout le monde. Non, Brad Pitt, c'est l'observation et la réflexion, en un sigle : l'ONU. Pas question d'influencer les décisions militaires, Pitt est juste là pour comprendre comment les choses sont arrivées et devient ainsi un parfait anti-héro. Il n'a aucun envie de prendre part à l'aventure et il ne résout pas le problème à la fin du film (je ne vais pas en dire plus). Brad Pitt ne rêve que de normalité, de vie de famille basique où sa plus grave crise serait de gérer l'asthme capricieux de sa fille aînée. Bref, Brad - Gerry joue les modestes et ne prétend pas détenir la vérité. 

C'est d'ailleurs tout l'intérêt du film qui montre comment une situation connue des autorités peut très vite dégénérer. En effet, dès le début, tous les protagonistes savent qu'un dangereux virus - une espèce de rage du XXIe siècle - se promènent dans l'air mais personne (du moins Gerry, Américain lambda) ne semble y prêter attention. Les vols internationaux sont maintenus et leurs voyageurs contaminent à la vitesse de la lumière les grandes villes. C'est donc le manque patent de réaction gouvernementale qui est pointé du doigt. Sûement une influence de Brad Pitt (le producteur) en référence à l'absence de décisions du gouvernement Bush après la tempête Katrina à La Nouvelle-Orléans (août 2005).

 "Réalisme"

En fin de compte, le film offre une vision "réaliste" du problème à travers un homme normal habité par une peur uniquement surmontée par son instinct de survie, et sa volonté de comprendre comment les choses ont pu si mal tourner. Mais on reste tout de même dans un film de morts-vivants. Il y a des moments de frissons, de suspense, ou même de tension lorsque le héros doit se faufiler dans le dos des monstres. Tout le monde guette tout le monde, la tension est palpable et irrationnel tout au long du film où chaque personnage remplie son seul et unique rôle. Les soldats tirent, les scientifiques réfléchissent et Gerry Lane enquête : mais tous ont peur. Tout comme le spectateur absorbé par le film. Bref, à voir !